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Le Conventionnel de Mazade

Conférence le mercredi 17 octobre 2018 à 18h par Jean Paul Damaggio à la Médiathèque de Castelsarrasin.

Jean Bernard Dorothée Mazade : le Conventionnel

Jean Bernard Dorothée Mazade avait 42 ans quand il est devenu député de la Haute Garonne à la Convention. Il considéra de son devoir de rendre compte des débats de cette assemblée, à la Société populaire de Castelsarrasin par de nombreuses lettres (disponibles sur le site de La Brochure). En particulier sur le jugement de Louis XVI. Du 22 octobre 1792 au 17 janvier 1793 il a pesé le pour et le contre et a conclu par une opinion imprimée par ordre de la convention du 19 janvier 1793.

 

La conférence a permis de suivre l’évolution de sa pensée qu’il exprime ainsi :

  • « J’avoue que, frappé par les faits que l’Angleterre offrit à l’univers dans le dernier siècle, l’exécution immédiate du conspirateur qui se trouve au Temple m’offrait de grands inconvénients. » En Angleterre, Charles 1er a été jugé et exécuté pour haute trahison en 1649. La monarchie fut alors abolie et une république appelée Commonwealth d’Angleterre fut instaurée avec Oliver Cromwell à sa tête. En  1660, la monarchie fut restaurée et le fils aîné de Charles 1er monta sur le trône sous le nom de Charles II.
  • « Je ne crois point facilement aux partis ; je n’entre point dans des cercles partiels ; je ne connais, je ne suis d’autre parti que celui du bien public. Je ne vois aucun Cromwell derrière la toile ; mais il existe encore des hommes qui ont l’âme de Cromwell ; et qui me répondra que des circonstances critiques ne sont pas favorables à la conception et au développement de projets liberticides ? J’inclinais donc pour le renvoi aux assemblées primaires. »

Pour éviter que la Convention ne se déchire, il pense que les électeurs doivent décider sans sous-estimer les dangers de la proposition.

  • « Je viens de lire l’opinion de Thomas Payne ; je l’ai lue sans enthousiasme ; je l’ai méditée ; elle m’éclaire, elle me décide, et je pense qu’en l’adoptant je sers tout à la fois la justice, mon pays et l’humanité. Magistrat pendant plusieurs années, je ne prononçai jamais un jugement de mort. Je ne vis jamais le droit de l’infliger dans la société, lors même que je reconnus dans chaque homme le droit de repousser la violence par la force. »

 

Conclusion pratique de Mazade :

« Je demande :

1° Que la Convention déclare que Louis et sa famille sont bannis à perpétuité des terres de la République ;

2° Que néanmoins, et jusqu’à l’instant où toutes les sociétés politiques de l’Europe et les Etats-Unis auront solennellement reconnu la souveraineté absolue du peuple français, Louis et sa famille demeurent en état de réclusion ;

3° Qu’ils soient tenus de choisir pour le lieu de leur exil les terres des Etats-Unis, et que ces derniers accèdent à cette mesure ;

4° Que les comités de sûreté générale et de législation réunis présentent à l’Assemblée, dans un bref délai, un projet relatif à la garde et à la réclusion provisoire de Louis et sa famille. »

 

Ce point de vue de Mazade ne l’empêchera pas de poursuivre son soutien à la République jusqu’à la fin de sa vie même si, ce qu’il craignait, la mort de Louis XVI n’a pas empêché le retour de la royauté en France. Et il s’est battu sur bien des dossiers : l’éducation, la justice, etc…

 

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